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Pouvoirs, Église et société dans les royaumes de France, de Bourgogne et de Germanie, de 888 aux premières années du XIIe siècle

Par Ludovic Viallet

BÜHRER-THIERRY Geneviève, DESWARTE Thomas, Pouvoirs, Église et société dans les royaumes de France, de Bourgogne et de Germanie, de 888 aux premières années du XIIe siècle, Paris : Sedes, Collection Cned-Sede


Sommaire

Résumé

Après une introduction présentant les principaux instruments de travail et les éditions de sources, se succèdent trois parties abordant les pouvoirs politiques : royautés, principautés et seigneuries, les relations entre pouvoirs laïques et ecclésiastiques et la christianisation de la société. Il s’agit de suivre, en une perspective comparatiste, l’évolution des royaumes issus de l’Empire carolingien, à partir de la mort de Charles le Gros en 888 jusqu’à des dates variables selon les entités mais toutes comprises entre 1108 (mort du roi de France Philippe Ier) et 1122 (concordat de Worms). La première partie s’ouvre sur deux chapitres consacrés à la Francie occidentale, d’abord sur le plan d’un pouvoir royal qui n’a plus grand-chose de central, ensuite au niveau des pouvoirs régionaux ou locaux. Au milieu de tout cela, l’avènement du duc des Francs Hugues Capet en 987 « ne brille pas d’un éclat particulier » (p. 35). Sur l’espace allant de Besançon et Bâle jusqu’à la Méditerranée, la rébellion du comte Boson en 879 débouche, une dizaine d’années plus tard, sur la formation du royaume de Provence, centré sur Vienne et la Bourgogne méridionale, tandis qu’un petit royaume est fondé en 888 par un fidèle serviteur de la dynastie carolingienne, Rodolphe, à partir du duché de Transjurane, autour de la prestigieuse abbaye de Saint-Maurice d’Agaune. Vers 942, la première de ces entités tombe sous la souveraineté de la seconde, qui doit elle-même accepter la tutelle de la dynastie montante de l’époque, celle des Ottoniens, à l’origine de l’instauration d’un empire en Germanie. Le passage de la couronne de Bourgogne aux mains des empereurs, en 1032, n’empêche pas le morcellement, en une « marqueterie de pouvoirs seigneuriaux » (p. 90), de ce royaume de Bourgogne qui, même sans roi, continue d’exister dans les consciences. Couronné empereur en 1014, Henri II (1002-1024) porte à son apogée la conception sacrale de la royauté et abandonne toute référence à Rome comme centre du pouvoir, alors qu’émerge le concept de regnum Teutonicorum (« royaume des Allemands »). Ce sont ces complexes et déterminantes évolutions qui font l’objet des troisième et quatrième chapitres, achevant le socle sur lequel peuvent ensuite se déployer des analyses plus thématiques. Puisque nous sommes là au cœur des décennies qui voient éclore le vaste mouvement de la Réforme grégorienne, la seconde partie de l’ouvrage scrute les institutions ecclésiales (évêques, chapitres de chanoines, monastères) et leurs transformations : d’abord dans le royaume de Germanie (chap. 2.1), où la « Querelle des Investitures » témoigne de la rivalité entre les deux pouvoirs à prétention universaliste, celui du pape et celui de l’empereur, puis en France et en Bourgogne (chap. 2.2 et 2.3). Enfin, les analyses du troisième volet transcendent toute distinction territoriale dans la définition des différents chapitres, qui abordent successivement les processus de sacralisation du pouvoir, les différents schémas idéologiques énoncés par les clercs afin de penser l’organisation sociale en terme d’ordres, la question de la légitimation de la guerre par l’Église et la promotion du mariage chrétien effectuée par celle-ci, en « un combat pour le respect de la fidélité conjugale et de l’exogamie » (p. 275).

Points forts

  • Les atouts d’un ouvrage destiné aux étudiants, en particulier pour la préparation aux concours d’enseignement : un maximum d’informations en un minimum de place, sans pour autant sacrifier l’exigence de clarté et de problématisation.

  • D’utiles mises au point historiographiques — en particulier sur le débat relatif à la « mutation féodale » et sur la tradition française qui tend, assez naturellement, à survaloriser la date de 987 (cf. p. 50 et p. 71) —, à l’appui des ouvrages de Dominique Barthélemy1.

  • Des éléments essentiels pour comprendre la genèse, à partir d’une matrice carolingienne commune, des deux sœurs que sont la France et l’Allemagne, au cœur historique de l’Europe.

L.V.

NOTES DE BAS DE PAGE
En collaboration avec Olivier BRUAND, Noëlle DEFLOU-LECA, Alain RAUWEL et Laurent RIPART. Vingt cartes, figures et tableaux in texto ; bibliographie (plus de 380 références).
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NUAGE DE MOTS-CLEFS
Lexique : Réforme grégorienne, Monastère, Évêque, Concordat, Clerc, Chapitre de chanoines, Querelle des Investitures, Abbaye
Domaines religieux : Christianisme, Christianisme : Doctrines et courants : Église catholique, Christianisme : Période : II°-X° siècles, Christianisme : Période : Moyen Age, Christianisme : Rites et pratiques : Clergé, Christianisme : Rites et pratiques : Monachisme
Guide des ressources : Enseignement : Histoire

Référence du document

Recension : « Deswarte Thomas, Bührer-Thierry Geneviève, Pouvoirs, Église et société dans les royaumes de France, de Bourgogne et de Germanie, de 888 aux premières années du XIIe siècle » Paris : Sedes, Collection Cned-Sede, 2010, , IESR - Institut d'étude des religions et de la laïcité , mis à jour le: 12/16/2016, URL : https://irel.ephe.psl.eu/ressources-pedagogiques/comptes-rendus-ouvrages/pouvoirs-eglise-societe-royaumes-france-bourgogne

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