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L’Europe et les réformes au XVIe siècle

Par Bertrand Marceau

LEMAITRE Nicole, L’Europe et les réformes au XVIe siècle, Paris : Éditions Ellipses, « Le monde : une histoire », 2008, 264 p.


Sommaire

Résumé

Afin d’examiner les bouleversements religieux de l’Europe au XVIe siècle, il est bon de s’interroger sur le cadre chrétien, qui unit et rythme la vie quotidienne : de la naissance à la mort, les sacrements de l’Église correspondent à chacune des étapes de la vie du fidèle (chap. 1). Ce cadre religieux apparaît insuffisant à nombre de chrétiens, qui aspirent à la réforme, aussi bien pour les personnes que pour les institutions. Il faut réformer à la fois la papauté, les monastères (au moment où certains ordres nouveaux comme les Minimes apparaissent) et les diocèses, dont chaque paroisse doit être visitée afin d’éliminer les abus (chap. 2). L’Église apparaît alors comme peu légitime dans la promotion d'une vie plus chrétienne, ce qui provoque la radicalisation de la Réforme (chap. 3). En 1517, la révolte luthérienne, issue du bouillonnement religieux du Saint-Empire, en arrive à une rupture avec Rome : le salut par la foi ne passe plus nécessairement par l’Église selon ses adeptes. En conséquence, Luther est excommunié le 3 janvier 1521 et la réforme s'étend, donnant l’exemple aux réformes nationales (en Angleterre ou en Scandinavie), urbaines (Zürich ou Strasbourg), anabaptiste ou calviniste. Entre Rome et les réformés qui ont rompu avec elle, on trouve aussi de nombreux chrétiens qui ne choisissent pas entre ces deux mondes, comme les Vaudois ou les humanistes qui ont refusé le schisme (chap. 4). Ainsi les Vaudois, issus d’une hérésie médiévale, prêchent la fraternité et la pauvreté mais restent fidèles à Rome. De même, de nombreux humanistes sont avides de réforme mais ne veulent pas se séparer de l’Église catholique. Ces nouveaux mouvements religieux sont liées par des racines communes, notamment l’attachement à la Bible, dont la lecture est favorisée par la diffusion de l’imprimerie (chap. 5).

Du temps des réformes, on passe peu à peu au temps des confessions, avec différents modèles de confessionnalisation nationale ou locale, comme les États luthériens, l’État anglican ou les pays calvinistes (chap. 6). L’Église catholique ne reste pas sans réaction et les évêques se réunissent à Trente lors d'un concile général de réforme de 1545 à 1563 (chap. 7). Se transformant profondément malgré les difficultés de réunion, un catholicisme nouveau apparaît, réglant aussi bien la question de la justification que celle des sacrements. La réforme catholique se traduit aussi par la contrainte des tribunaux de l’Inquisition (chap. 8). En Espagne, au Portugal, en Italie, les juges spécialisés sont compétents pour les questions de foi et de mœurs. En France, une voie particulière est tracée avec le gallicanisme, conduit par le roi sacré, qui nomme les évêques (chap. 9). La monarchie n’a pas suivi la réforme protestante, mais a conservé toutefois un fonctionnement original par rapport aux décrets tridentins. Les particularismes religieux ont pour conséquence les affrontements religieux, soit que l’on considère la guerre comme juste, soit qu’on la condamne au nom du pacifisme érasmien (chap. 10). La dimension militaire des affrontements religieux repose sur l’idée de croisade comme œuvre méritoire, sur les pulsions eschatologiques prônant le retour à l’Église primitive, ou sur la soif de justice sociale (chap. 11). Ces conflits sont particulièrement aigus en France avec les guerres de Religion (1562-1598), ou aux Pays-Bas avec la révolte des Gueux (1566-1599). Cette irruption de la violence ne débouchant pas sur le triomphe de l’une ou l’autre des confessions, la volonté d’ordre et de pacification amène aux paix de religion (chap. 12). L’édit de Nantes (1598) est un exemple de construction sociale de la paix, dans la recherche de la concorde et non de la tolérance religieuse.

Points forts

  • Une approche très claire d’un siècle protéiforme, dont les tendances de fond sont mises en lumières. Ouvrage que l’on peut conseiller en première lecture pour aborder le temps des réformes.

  • Des encadrés explicatifs hors-texte, détaillant les mots ou les notions indispensables à une bonne compréhension de la période : réforme, confession, construction confessionnelle, etc.

  • Les biographies succinctes ou développées des principaux acteurs du changement religieux au XVIe siècle, du juriste et humaniste Boniface Amerbach, ami d’Érasme, au théologien et réformateur Ulrich Zwingli.

B.M.

NOTES DE BAS DE PAGE
Biographies des acteurs, bibliographie, index.
NUAGE DE MOTS-CLEFS
Lexique : Justification, Sacrement, Minimes, Confessionnalisation
Domaines religieux : Christianisme : Doctrines et courants : Église catholique, Christianisme : Doctrines et courants : Églises protestantes, Christianisme : Période : Humanisme chrétien, Christianisme : Période : Réforme et Contre-Réforme, Christianisme : Politique et société : Relations avec l’État
Guide des ressources : Enseignement : Ouvrages

Référence du document

Recension : « Lemaître Nicole, L’Europe et les réformes au XVIe siècle » Éditions Ellipses, « Le monde : une histoire », 2009, 264 p., , IESR - Institut d'étude des religions et de la laïcité , mis à jour le: 12/16/2016, URL : https://irel.ephe.psl.eu/ressources-pedagogiques/comptes-rendus-ouvrages/leurope-reformes-au-xvie-siecle

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