Sommaire

Résumé

Au fil des sept chapitres de ce livre, l’auteur présente le mouvement interreligieux dans ses relations avec la laïcité en France.

L’histoire des mouvements interreligieux depuis 1930 en France est résumée et divisée en trois parties : des années 1930 (et surtout de l’après-guerre) jusqu’au concile Vatican II (surtout les relations judéo-chrétiennes), du concile à la guerre du Golfe (intégration de l’islam), et depuis les années 90 (multiplication des initiatives locales).

À côté de ces mouvements d’origine religieuse, quelques organismes mis en place par des municipalités sont étudiés.

Les différents types d’engagement personnels rencontrés dans ces mouvements mettent en évidence la source proprement religieuse ainsi que la source éthique et civique de cet engagement. Les modalités pratiques recoupent à l’intérieur de chaque tradition religieuse, deux types d’engagement : « pèlerin » et « militant ». Le pèlerin se déplace lors de temps forts, pour une pratique décentrée de son lieu de vie, le militant s’engage quotidiennement dans une structure proche. Une nouvelle religiosité apparaît : le développement d’un « vivre ensemble » vécu comme un nouveau motif religieux.

Les nouveaux « rites » qui peuvent être inventés lors de manifestations interreligieuses sont à la fois peu spécifiques de chaque religion afin de pouvoir s’adresser à tous les participants, et constituent en même temps un point d’accroche symbolique pour permettre à l’émotion de se canaliser (en particulier pour les célébrations organisées à l’occasion de catastrophes).

Parallèlement aux rites, des normes sont mises en lumière, qui, si elles ne sont pas de nouveaux dogmes, cherchent à catalyser les fondements métaphysiques d’une action commune, tout en évitant à la fois syncrétisme et prosélytisme.

Enfin, l’auteur décrit l’évolution du public des groupes interreligieux, grâce à l’expérience pratique. Ce qui a pu être autrefois un combat s’est transformé en dialogue, sans pour autant exclure la persistance d’une forme de concurrence. La spécificité de chaque message et son ouverture à d’autres formulations se sont paradoxalement renforcées l’une l’autre.

Finalement, la situation française influe sur le message porté par ces groupes interreligieux : en partant d’une action et d’une réflexion appuyées sur des fondements essentiellement religieux, la demande implicite ou explicite de la société civile les conduisent à une pratique « laïco-compatible », comme si le seul message audible était celui qui inclut la laïcité, celle-ci incluant elle-même les religions. Dans le même temps, là où il y a quelques décennies le silence prévalait, la pratique de la laïcité évolue, parce qu’un tel dialogue interreligieux entraîne la société civile à tenir compte autrement de ses acteurs religieux, comme eux-mêmes doivent mieux prendre en compte la laïcité.

Points forts

• Le thème de l’interreligieux est ici traité en profondeur, chose rare dans la production sociologique en France.

• L’auteur souligne les interactions entre l’interreligieux et la laïcité, en particulier dans les relations avec les pouvoirs publics qui voient en général favorablement un dialogue interreligieux s’instaurer. Un dialogue interreligieux est en général garant d’une pratique du dialogue qui correspond à la forme « politiquement correcte » du religieux que souhaitent les institutions politiques, un religieux modéré et soucieux de ne pas s’affirmer sur un plan conflictuel.

• La conclusion sur « les mutations de la laïcité » ouvre sur un champ de recherches nouveau à développer, une perspective de suite à ce travail.

• Les annexes fouillées expliquent la méthodologie de l’enquête et donnent des textes utilisés lors de rencontres interreligieuses. L’abondante bibliographie rassemble un matériel scientifique mis à la portée du plus grand nombre.

Usage dans les programmes scolaires

M.A.