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GARRISSON Janine, 1572, La Saint-Barthélemy, Bruxelles, Éditions Complexe, « Historiques », 1987, réédition 2000, 219 p.

Par
Chronologie, tableaux généalogiques, bibliographie, index.

Sommaire

Résumé

Les massacres de la Saint-Barthélemy ne peuvent se comprendre sans avoir à l’esprit le contexte du XVIe siècle (chap. 1) : dans le royaume de France catholique, les huguenots « constituent un phénomène anormal, nouveau, étrange, et donc inquiétant, voire dangereux » (p. 9). Introduisant des mœurs nouvelles et austères, les réformés s’inspirent de Calvin et ne prient plus en latin, mais en français. L’intolérance généralisée amène le déclenchement  des premières guerres de religion, à partir de 1562, malgré quelques tentatives de paix (chap. 2). Le cadre de la Saint-Barthélemy est Paris, qui « à lui seul constitue comme un raccourci de la haine populaire à l’égard des protestants » (p. 48), ville passionnément catholique, où les hérétiques sont pourchassés. En avril 1572, un rapprochement apparaît possible avec le mariage du réformé Henri de Navarre et de la catholique Marguerite de Valois, princesse de France cultivée et réputée pour sa beauté (chap. 3). Malgré des négociations difficiles, ces noces doivent réunir aussi bien le clan catholique des Guise que les calvinistes. Gage de paix civile dans un royaume divisé, le mariage est célébré le lundi 18 août 1572 d’une manière tout à fait nouvelle : Le huguenot Henri reste en dehors de la cathédrale Notre-Dame, et la bénédiction nuptiale est donnée sur le parvis de l’église, au milieu d’un grand luxe.

Le 22 août 1672, l’attentat contre Gaspard de Châtillon, amiral de Coligny, grand féodal calviniste, met fin à ce court répit (chap. 4). Cette tentative d’assassinat a été machinée par la reine mère, Catherine de Médicis, qui veut contrer l’influence grandissante de l’amiral sur son fils, le roi Charles IX. Les gentilshommes de Coligny réclament vengeance, ravivant la peur des catholiques d’un complot calviniste. Les partisans de la reine mère et les Guise se réunissent, décidant le roi à signer l’ordre de proscription, mise à mort des chefs protestants. Au petit matin du dimanche 24 août 1572, l’amiral blessé est achevé brutalement par les sbires d’Henri de Guise (chap. 5). Les gardes français et suisses du roi exécutent les courtisans calvinistes dans la cour du Louvre avec une rare violence. Attendant les ordres devant l’Hôtel de Ville, les milices bourgeoises s’impatientent d’abord, puis complètent le massacre dans Paris (chap. 6). Avec des hallebardes, des épées ou des arquebuses, la tuerie des réformés dure trois jours. Plusieurs milliers de personnes, dont des commerçants, des libraires et relieurs, accusés de répandre l’hérésie sacrilège, ont été tuées. Cette débauche de violence se répand en province, dès le dimanche, à l’annonce de l’exécution des chefs calvinistes (chap. 7). Meaux, Bourges, Orléans, Lyon et d’autres villes sont le théâtre de massacres similaires à ceux de Paris, avec un bilan d’environ mille victimes. Les corps sont mutilés, les yeux crevés, les oreilles coupées. À Bordeaux, la réaction est plus lente, mais les protestants enfermés dans les prisons sont massacrés le 3 octobre.

Cette violence généralisée suscite des réactions et de multiples pamphlets dès la fin du drame (chap. 8). Stupéfiés par la violence, certains réformés se convertissent en masse ou émigrent, qui pour l’Angleterre, qui pour la Suisse. D’autres se réunissent en assemblées et prennent les armes, voulant former un État protestant dans le Midi. Ces crimes horribles trouvent dans la postérité un écho remarquable (chap. 9). Les documents d’archives sont rares, mais les récits foisonnent. Le calcul même du nombre des victimes est sujet à débat, les estimations variant d’abord selon le point de vue des auteurs, puis dans l’incertitude des bilans postérieurs. Des siècles après son déclenchement, ce crime politique et religieux suscite encore des débats passionnés.

Points forts

  • Un récit alerte de cet événement brutal, acmé des guerres de religion en France. La chronologie est bien restituée, montrant le lien entre la dynamique générale des guerres de religion et les circonstances précises de la Saint-Barthélemy.

  • Une mise en perspective claire et didactique, qui évite le jugement historique ou la téléologie, fausse reconstruction a posteriori.

  • Une prise en compte des trajectoires individuelles. Les caractères de chacun des protagonistes sont bien dépeints, expliquant le poids des personnes dans un contexte de violentes tensions.

Remarque

  • L’absence d’intégration des débats historiographiques les plus récents, comme les thèses de D. Crouzet ou de J.-L. Bourgeon, qui peuvent modifier l’interprétation de cet événement1.

BM.

NOTES DE BAS DE PAGE

1  Voir depuis, la mise au point d’Arlette Jouanna dans La Saint-Barthélemy : les mystères d'un crime d'État : 24 août 1572. Les Journées qui ont fait la France (Gallimard, 2007).

NUAGE DE MOTS-CLEFS
Lexique : Huguenot
Domaines religieux : Christianisme, Christianisme : Doctrines et courants : Église catholique, Christianisme : Doctrines et courants : Églises protestantes, Christianisme : Période : Réforme et Contre-Réforme
Guide des ressources :

Référence du document

Recension : « Marceau Bertrand, Garrisson Janine, GARRISSON Janine, 1572, La Saint-Barthélemy, Bruxelles, Éditions Complexe, « Historiques », 1987, réédition 2000, 219 p. » 2009, , IESR - Institut d'étude des religions et de la laïcité , mis à jour le: 12/16/2016, URL : https://irel.ephe.psl.eu/ressources-pedagogiques/comptes-rendus-ouvrages/garrisson-janine-1572-saint-barthelemy-bruxelles

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