Sommaire

Résumé

Dans l’avant-propos, l’A. avertit que son objectif initial, “ faire la lumière sur cet homme étrange et fascinant ” (p. 7) que fut Pierre l’Ermite, a été dépassé pour l’amener à “ une interprétation radicalement nouvelle de la croisade ” (p. 8). Une telle entreprise de réévaluation du rôle joué par le prédicateur populaire, glorifié au XIX^e siècle puis relégué au second plan par les spécialistes, passait donc par une double mise au point sur l’historiographie française de la croisade (chap. I) et celle du personnage même de Pierre l’Ermite (chap. II).

La revalorisation récente de certaines sources nécessitait également de reprendre le dossier documentaire en distinguant trois catégories de chroniques (chap. III). Parmi elles, le récit d’Albert d’Aix, trop longtemps négligé, est pourtant d’une importance capitale pour la connaissance des événements (chap. IV). Il s’agit d’un témoignage surprenant, qui présente Pierre comme le véritable initiateur de la croisade au retour d’un pèlerinage à Jérusalem, alors que les sources de la tradition “ française ” accordent ce rôle au pape Urbain II (chap. V).

Si “ les deux conceptions ne sont pas totalement incompatibles ” (p. 89), c’est sur cette divergence majeure que l’A. bâtit sa réflexion. Il commence par de nouvelles mises au point, sur la situation au Proche-Orient et la perception de cette situation en Occident à la veille de la première croisade (chap. VI), puis sur l’intérêt porté par la papauté à la guerre de reconquête chrétienne (voir Reconquista) avant et après le milieu du XI^e siècle (chap. VII et VIII).

La mise en perspective historique montre en quoi la nouveauté idéologique qui, en associant plus étroitement la guerre sainte et le pèlerinage, assura le succès d’Urbain II, résida “ dans la forme bien plus que dans le fond ” (p. 151). L’analyse de l’appel de Clermont en lui-même (chap. IX) n’a de sens que reliée à celle de la réception de cet appel chez les guerriers (chap. X), et d’une façon plus large à celle des rapports entre l’idée de croisade et la mentalité chevaleresque (chap. XI). On touche là aux motivations diverses des participants, dont l’A. suit le parcours depuis leur départ (chap. XII) jusqu’à la prise de Jérusalem (chap. XVIII).

Au fil du chemin, Pierre l’Ermite n’est pas oublié : il est en particulier nécessaire d’aborder le problème des massacres de Juifs dont se rendit coupable la croisade dite “ populaire ” (chap. XIII). Au moins les pièces du procès, à charge et à décharge, ont-elles été rassemblées. Après une mise au point sur les effectifs réels de la croisade (chap. XIX), la question peut être posée : “ Faut-il réhabiliter Pierre l’Ermite ? ” (chap. XX)

Points forts

Un style clair et une construction en vingt chapitres qui “ s’emboîtent ” logiquement les uns dans les autres, au service d’une maîtrise totale des sources et de la bibliographie.

Les chapitres VII et VIII, qui fournissent une très utile mise au point sur les notions de “ guerre juste ” et de “ guerre sainte ”, souvent utilisées aujourd’hui mais aussi souvent galvaudées.

• Domaine : christianisme
• Sous-domaines : Catholicisme. Églises d’Orient. Orthodoxie. Moyen Âge. Espace et territoires. Clergé. Ordres religieux. Représentations collectives et mentalités. Pratiques religieuses. Croyances. Théologie. Exégèse. Liturgie. Relations avec le judaïsme. Relations avec l’islam.
• Profil : Ouvrage grand public

Utilisation possible dans les programmes scolaires