Vous êtes ici

Accueil > Ressources pédagogiques > Comptes-rendus d'ouvrages > Femmes juives dans le siècle. Histoire du Conseil international des femmes juives de 1899 à nos jours

Femmes juives dans le siècle. Histoire du Conseil international des femmes juives de 1899 à nos jours

Par Vilmain Vincent

LAS Nelly, Femmes juives dans le siècle. Histoire du Conseil international des femmes juives de 1899 à nos jours, Paris, L'Harmattan, 1996, 264 p.


Sommaire

Résumé

Alors que les réseaux de solidarité internationale sont solidement implantés depuis la moitié du XIXe siècle au sein des communautés juives occidentales, les premières organisations juives féminines de ce type apparaissent dans les années 1890, notamment le Conseil international des femmes juives.

Les premières associations de femmes juives à vocation charitable et philanthropique apparaissent au début du XIXe siècle, dans le double contexte d'embourgeoisement d'une partie des communautés juives en Europe occidentale et aux États-Unis, et de l’industrialisation des sociétés. Les écarts de richesse augmentent. Aux valeurs morales traditionnelles du judaïsme s'agrègent les dogmes bourgeois faisant de la pauvreté le lit du vice et de la dégénérescence morale. La femme, modèle de pureté, se doit de propager la vertu au sein des masses laborieuses.

Ce féminisme bourgeois ne prône pas le renoncement à la famille et au foyer. Le terme même de féminisme est d’ailleurs proscrit. Cependant, dans la pratique, il concourt à l'entrée de la femme dans la vie publique, si modeste soit-elle. Les principaux domaines d'action sont la charité et l'éducation. Dans la bourgeoisie, juive ou chrétienne, la tendance est à l'éducation des femmes, sans que celle-ci ne débouche sur une quelconque insertion professionnelle. La culture est un vernis hautement sollicité par les hommes à la recherche d’épouses dignes. La participation des femmes aux associations féminines est souvent encouragée par leur mari.

Au cours du XIXe siècle, les clubs féminins essaiment aux États-Unis, et plus modestement en Europe. Ils concourent à poser la question de la féminisation de la religion. Alors que la femme est devenue la garante de la tradition et de l'éducation religieuse, mais aussi un modèle de piété, elle reste encore largement à l'écart des affaires spirituelles.

Représenté en 1899 au Conseil international des femmes à Londres, le Conseil national des femmes juives des États-Unis constitue le fer de lance de l'internationalisation du mouvement féminin juif. Sur le plan politique, il rejette le sionisme, de même que l'Organisation des femmes juives allemandes et toutes les autres associations appelées à se réunir dans le Conseil international des femmes juives (ICJW).

La première réunion préalable à la constitution de ce conseil a lieu à Rome en 1914. La Première Guerre mondiale retarde jusqu’en 1923 la mise en route effective du projet. Le congrès fondateur se déroule à Vienne, haut lieu de l'antisémitisme de l'époque. Il aborde de nombreux sujets : le devoir de la femme juive vis-à-vis de la communauté, la question des réfugiés, des orphelins, des épouses abandonnées par leur mari, l'éducation des femmes et le soutien à la colonisation en Palestine. Officiellement, le credo de l'association reste a-sioniste. Ceci est d'autant plus important qu'il s'agit à présent de se distinguer de la WIZO (Organisation internationale des femmes sionistes), fondée en 1921.

Un second congrès a lieu à Hambourg en 1929, sous le haut patronage de l'Organisation des femmes juives allemandes. Il met en exergue la question primordiale de la agouna (une femme juive abandonnée par son mari ne peut se remarier si la mort de celui-ci n'est pas attestée). On demande au rabbinat d'amender la loi juive. Le nombre de ces femmes abandonnées aux États-Unis à l'époque est évalué à environ 25 000.

La dynamique du ICJW est brisée par la montée du nazisme en Allemagne, qui prive progressivement celui-ci d'une grande partie de ses forces vives. C'est en 1949 que renaît l'ICJW. Marquées comme d'autres par la Seconde Guerre mondiale, ses membres refondent le conseil autour de la charte des droits de l'homme de l'ONU.

L'aspect universaliste de l'association est peu à peu remis en cause au cours des années 1970. Comme pour la plupart des communautés juives dans le monde, les membres du conseil ont connu un électrochoc au moment de la guerre des Six-Jours. De surcroît, c'est une Israélienne, Shoshana  Hareli qui, en 1969, prend la tête de l'ICJW. Le siège du conseil est alors transféré à Jérusalem.

Les années 1970 et 1980 correspondent à l'offensive antisioniste au sein de l'ONU. Les membres du conseil font dès lors de la lutte pour la légitimation du sionisme leur premier combat. Leur second cheval de bataille porte sur le sort des Juifs en URSS. L'éducation et la charité restent jusqu’à aujourd’hui des moteurs essentiels de l'action de l'ICJW, mais ses membres ont peu à peu abandonné l'idéal universalisant qui avait prévalu dans l'immédiat après-guerre pour placer Israël au centre de leurs préoccupations.

Points forts

  • Une monographie intéressante qui concoure au renforcement de la trop maigre bibliographie portant sur les rapports entre religions et féminismes bourgeois.

  • L'ouvrage met en valeur un aspect méconnu de l'histoire juive.

  • En dépit de la spécificité du sujet, l'œuvre de Nelly Las met l’accent sur les grandes articulations de l'histoire juive contemporaine.

V.V.

NOTES DE BAS DE PAGE
Tableau des associations membres de l'ICJW en annexe, glossaire, courte bibliographie, index
NUAGE DE MOTS-CLEFS
Lexique : Sionisme, Agouna
Domaines religieux : Judaïsme
Guide des ressources : Recherche : Ouvrages

Référence du document

Recension : « Las Nelly, Femmes juives dans le siècle. Histoire du Conseil international des femmes juives de 1899 à nos jours » L'Harmattan, 2009, 264 p., , IESR - Institut d'étude des religions et de la laïcité , mis à jour le: 12/16/2016, URL : https://irel.ephe.psl.eu/ressources-pedagogiques/comptes-rendus-ouvrages/femmes-juives-siecle-histoire-du-conseil

Publications



FAITS RELIGIEUX ET MANUELS D'HISTOIRE
Sous la direction de Dominique AVON, Isabelle SAINT-MARTIN et John TOLAN
Le but : comparer les manuels d’histoire de fin de cycle secondaire mais aussi prendre en considération les pratiques scolaires, ainsi que les différentes catégories d’acteurs impliqués dans l’élaboration des contenus. L’objet : examiner le religieux, le(s) fait(s) religieux, les...

VISITER
VOIR TOUTES LES PUBLICATIONS


Théorie de l’évolution et religions
Sous la direction de Philippe PORTIER, Michel VEUILLE et Jean-Paul WILLAIME. Actes du colloque des 14 et 15 mai 2009 au Lycée Henri IV

 

Plus de 150 ans après la publication de L’Origine des espèces (1859) du biologiste anglais Charles Darwin (1809-1882), la théorie de l’évolution est toujours mise en cause aujourd’hui, tant en milieu chrétien que musulman, par des personnes considérant qu’elle est incompatible avec les...

VISITER
VOIR TOUTES LES PUBLICATIONS

RESSOURCES PÉDAGOGIQUES

CARNET IESR
TWITTER IESR