Sommaire

Résumé

À la suite du rapport de Régis Debray sur L’enseignement du fait religieux dans l’école laïque remis en mars 2002,la Direction de l’enseignement scolaire du ministère de l’Éducation nationale (DESCO) a organisé, dans le cadre du Programme national de pilotage pour la formation continue des enseignants,un séminaire national interdisciplinaire de trois jours sur « L’enseignement du fait religieux » qui constituait l’une des propositions du rapport. Le présent volume en restitue les actes.

Ouvert par Xavier Darcos, ministre délégué à l’Enseignement scolaire, le séminaire sur « L’enseignement du fait religieux » a réuni les responsables des différents groupes d’inspection et des universitaires, spécialistes des questions religieuses, devant un public composé d’inspecteurs pédagogiques et de professeurs formateurs dans les IUFM venant de toutes les académies de France. Il manifeste le souci d’une réelle interdisciplinarité puisque sont présents des littéraires, des historiens, des philosophes, des professeurs de langues et d’arts plastiques.

La première partie analyse le concept même de « fait religieux » avec des contributions du philosophe Régis Debray qui le considère comme un « fait observable, neutre et pluraliste », de Claude Langlois, directeur d’études à l’École pratique des hautes études (EPHE), sur le processus de laïcisation du savoir en France de 1810 à 1886 et le développement d’une approche scientifique des religions dans un contexte laïque, de Jean Delumeau, professeur honoraire au Collège de France, qui défend la place du fait religieux à l’école, et de Christiane Menasseyre, doyenne du groupe philosophie de l’inspection générale, sur le principe de laïcité, « liberté de conscience et égalité de tous, stricte séparation du public et du privé ».

La deuxième partie s’attache aux « présences du passé » les traces laissées par le fait religieux : religion de Rome avec John Scheid (professeur au Collège de France), architecture religieuse avec Jean-Michel Leniaud (directeur d’études à l’EPHE), rites, gestes et culture de la dévotion avec Philippe Boutry (directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales) ; elle prend également en considération la pluralité religieuse : la Chine avec François Jullien, directeur de l’Institut de la pensée contemporaine de l’université Paris VII Denis-Diderot, la diversité de l’islam avec Pierre Lory (directeur d’études à l’EPHE).

La troisième partie propose une approche sociologique et politique du fait religieux : aux États-Unis avec François Monnanteuil, doyen de l’inspection générale des langues vivantes, sur la scène politique contemporaine avec Ghassan Salame, ministre de la Culture du Liban, en Europe avec la façon dont l’enseignement des faits religieux est dispensé avec Jean-Paul Willaime (directeur d’études à l’EPHE), auteur de Europe et religions. Les enjeux du XXIe siècle, en France à travers la question des sectes et des nouveaux mouvements religieux avec Nathalie Luca (chargée de recherches au CNRS). La quatrième partie rend compte des échanges survenus lors d’une table ronde entre responsables de différentes disciplines : histoire, lettres, langues vivantes et arabe, philosophie, enseignements artistiques.

Les deux dernières parties proposent de traiter le fait religieux à partir des textes et des œuvres artistiques. Dans le premier cas, les textes fondateurs jouent un rôle essentiel, bibliques avec la Genèse (Jean-Marie Husser, Université Marc Bloch de Strasbourg), l’Ancien Testament (Gilles Dorival, Université de Provence), le Nouveau Testament (Michel Quesnel, Institut catholique de Paris), le sacrifice d’Abraham (Monique Alexandre, Université Paris IV Paris-Sorbonne), et coraniques avec la formation des écritures islamiques (Alfred-Louis de Prémare, Université de Provence) ainsi que le sacrifice d’Abraham dans le Coran (Jean-Yves L’Hôpital, Université Rennes II). Les thèmes des figures fondatrices : Moïse (Arnaud Sérandour, Collège de France), Jésus (Simon Mimouni, EPHE), Mahomet (Jacqueline Chabbi, Université Paris VIII Vincennes), de la critique du fait religieux dans la littérature française des Lumières (Sylvain Menant, Université Paris IV Paris-Sorbonne) ou de la religion dans l’œuvre littéraire d’Hugo (Jacques Seebascher, Université Paris VII) constituent des pistes de réflexion.

Enfin, les œuvres artistiques peuvent également servir de support à l’enseignement du fait religieux : la place de Dieu dans les arts visuels (François Bœspflug, Université Marc-Bloch de Strasbourg), l’usage chrétien du paganisme (René Nouailhat, Centre universitaire catholique de Bourgogne), l’iconoclasme protestant (Olivier Christin, Université Lumière Lyon II), l’idée de modernité et le patrimoine immatériel (Nicole Lemaître, Université Paris I Panthéon-Sorbonne), la peinture religieuse du XVII^e siècle (Dominique Ponnau, Commission de sauvegarde et d’enrichissement du patrimoine culturel), la création de vitraux dans les églises anciennes (Isabelle Renaud-Chamska, Chroniques d’art sacré), le renouveau de l’art sacré dans les années 1945-1960 (Paul-Louis Rinuy, Université Paris X Nanterre), les figures du religieux dans l’art contemporain (Isabelle Saint-Martin, EPHE).

Points forts 

• Diversité des thématiques abordées et des approches : historique, sociologique, science politique, philosophique, littéraire, iconographique...

• Des explications éclairantes et pédagogiques sur la genèse des textes fondateurs avec des

• analyses très riches des textes bibliques et coraniques sur le sacrifice d’Abraham, de ses interprétations juives et chrétiennes, ainsi que musulmanes.

• Des pistes pédagogiques très intéressantes avec par exemple, en annexe du chapitre, des extraits de textes (bibliques et du Proche-Orient ancien), des réflexions sur des questions délicates : comment parler de Jésus de façon non-confessionnelle ou bien de Mahomet.

• Des suggestions également bienvenues sur l’utilisation d’œuvres d’art, par exemple de Poussin, Velázquez, Le Brun...

Utilisation possible dans les programmes scolaires