Sommaire

Résumé

Micheline Milot propose dans ce livre un regard sociologique sur l’évolution de la laïcisation au Québec (ancienne colonie française et seule province au Canada où l’on compte une forte majorité francophone et catholique), du XVIII^e siècle à nos jours.

Le premier chapitre revient sur la laïcité comme modèle d’aménagement politique de la place et du rôle de la religion dans l’espace public, il distingue les concepts de laïcisation et de sécularisation. L’auteur cerne le processus de sécularisation à partir de trois indicateurs : la mise en œuvre politique du double principe de neutralité (indépendance de l’État par rapport aux Églises et liberté de celles-ci par rapport au pouvoir politique) ; les moyens par lesquels s’exercent la liberté de religion et de conscience ; enfin l’application et l’interprétation du droit concernant ces libertés.

Les chapitres deux, trois et quatre, analysent le modèle de laïcité déployé au Québec autour de trois périodes, en accordant toujours une place à la situation scolaire (confessionnalisation puis laïcisation) : de 1759 (défaite militaire de la France au Canada) à 1839 (échec de la révolte politique des Canadiens français contre l’administration coloniale britannique) ; de 1840 (Acte d’Union des deux Canadas) à 1959 ; de 1960 avec la “ Révolution tranquille ”, qui voit une accélération des réformes sociales et institutionnelles, à aujourd’hui avec la laïcisation des institutions et la diversification du paysage religieux. Ils montrent le passage progressif d’une société où le clergé catholique joue un rôle très important et où les liens entre le politique et le religieux sont très étroits à un monde où le politique et le juridique s’émancipent de la tutelle catholique pour se réclamer d’une légitimité inspirée de la tolérance, puis du respect de la liberté de religion. Ce lent processus de laïcisation n’est pas encore terminé.

Le cinquième et dernier chapitre revient sur les aménagements contemporains du pluralisme des convictions : « accommodement raisonnable » qui adapte la norme dans les cas où elle produirait des effets discriminatoires non voulus et de ce fait contribue à la résolution pacifique des conflits et à l’accueil de la diversité (par exemple port du foulard accepté à l’école ou port du poignard rituel chez les sikhs autorisé dans certaines circonstances, possibilité pour des juifs de ne pas travailler le samedi, repas suivant les prescriptions religieuses dans les prisons...).

Points forts

• Une ouverture bienvenue sur une laïcité différente de la laïcité française, tout en offrant des perspectives comparatistes sur les modes de relations Églises / État en France, aux États-Unis et en Grande-Bretagne.
• Un panorama détaillé de l’histoire politique et religieuse du Québec.
• Une réflexion sur l’institution scolaire québécoise et ses évolutions vers une plus grande laïcisation.

Utilisation possible dans les programmes scolaires