Sommaire

Résumé

Le propos de l’auteur est de sortir l’histoire de la Réforme catholique d’une analyse théologique pour la lier aussi fortement que possible à une histoire sociale qui répondrait à la question suivante : « une société catholique s’est-elle peu à peu constituée dans les années ou plutôt dans les siècles qui ont suivi le concile de Trente ? » (p. 11). L’exemple choisi par l’auteur pour apporter une première réponse à cette question est celui des confréries mariales, envisagées sur un espace européen comprenant la France, les pays rhénans, la Suisse, l’Allemagne du Sud, les Pays-Bas et l’Italie du Sud.

Nées dans les collèges jésuites dans les années 1560 et destinées à l’origine à leurs élèves, les confréries connurent un essor rapide : destinées à entretenir chez leurs membres des dévotions précises (chapelet, dévotion au Saint-Sacrement), leur insistance sur la conversion personnelle et la pratique des bonnes œuvres les ouvre à un programme de réforme de la société. Le congréganiste (i.e. le membre de ces confréries) doit construire sa vie quotidienne autour de la méditation et de la prière afin de mener toute sa personne, y compris son corps lui-même, à la pureté. L’auteur fait de ces confréries l’un des lieux de création de l’idéologie dévote qui, au cours du xvii^e siècle, accède aux allées du pouvoir ce qui permet à ce programme de réforme de s’étendre à une bonne part de la société, notamment de la société urbaine. Animées, encadrées et formées par les clercs, ces confréries recherchent le soutien des puissants afin d’accroître leur influence. Cependant, leurs membres sont représentatifs de la société : chacun des groupes sociaux et des classes d’âges y sont représentés, même si en règle générale, ils n’appartiennent pas aux mêmes confraternités.

La volonté de réformer la société se manifeste par l’engagement des confrères dans les bonnes œuvres (hôpitaux, assistance aux pauvres) en même temps que par une mise en valeur d’une pastorale du mariage faisant de ce sacrement un chemin de sainteté. De même, l’insistance sur les pratiques communautaires de la piété est à mettre en liens avec une vision du monde consacrant le primat de la société sur l’individu.

C’est au xviii^e siècle que ces institutions connaissent une crise les amenant à se transformer profondément : elles dépassent alors les clivages sociaux en s’ouvrant à une « vocation de rassemblement » de l’ensemble de la société (p. 226). Ces adaptations ont permis la constitution d’un esprit catholique que les laïcs ont entretenu et qui anticipe sur les figures de laïcs militants du xix^e siècle.

Points forts

• Le choix d’une analyse européenne qui permet de dépasser les particularismes nationaux et de déterminer ce qui est caractéristique de la Réforme catholique.

• L’abondance des cartes et des schémas statistiques.

• L’attention à la vie quotidienne des congréganistes permet de bien comprendre le succès d’une idéologie de réforme de la société en même temps que sa traduction concrète dans la vie des individus.

• Les liens faits entre le soutien plus ou moins mesuré du pouvoir politique (p. 105-123) et le succès de ces institutions.

• Le choix de la longue durée ne se fait pas au détriment de la finesse d’analyse dans les évolutions chronologiques.

• La volonté d’analyser l’histoire religieuse sous l’angle de l’histoire sociale.

Utilisation possible dans les programmes scolaires

C.M.