Sommaire

Résumé

L’ouvrage est une recherche de l’islam des origines, celui du contexte de réception du message, la société tribale de l’Arabie occidentale au VII^e siècle. Selon l’auteure, au départ « l’islam de Mahomet » est fondé sur la croyance à une puissance tutélaire (rabb ou, au féminin, rabba) liée à un territoire, décrit dans la première partie, « Le Coran et son milieu d’origine ».

Un chapitre présente un tableau narratif de La Mecque au VI^e siècle (géographie, sacralité de l’espace du haram). Le chapitre 2 situe le Coran par rapport aux apports bibliques et précise son statut dans une société de l’oralité aux valeurs tribales fortes.

Dans la deuxième partie, J. Chabbi suit « La construction du passé » à partir des textes arabes d’époque califale, lorsque l’islam est « sorti » de la péninsule (chap 4 et 5) : légendes d’origine juive et rabbinique ourécits appelés khabar (genre bien défini par A.-L. de Prémare) comme les Annales de al-Tabarî, ou les légendes tribales et royales rapportées par al-Mas‘ûdî (début IX^e siècle).

La troisième partie est un retour sur la figure coranique du Prophète. La « parole mekkoise» (chap. 6 à 8) veut prouver la véracité du message reçu par Mahomet confronté aux violences verbales des Quraysh. La quatrièmepartie, « Des combats et des rites », suit le Prophète à Médine après le bannissement (hégire, 622). J. Chabbi interroge des textes d’époques et de genres différents (chapitre 9 à 12), notamment pour cerner la notion de pouvoir (voir B. Lewis, Le langage politique de l’Islam) et éclairer les rites importants du pèlerinage.

Elle conclut par des réflexions sur le travail de l’historien et les problèmes soulevés par l’étude de l’islam, notamment la nécessité de bien marquer la rupture entre un « islam des origines » et sa reconstruction par des historiographes et des juristes-théologiens, après la mort du Prophète.

Points forts

• Une étude savante et scientifique, d’accès difficile mais qui mérite un effort de lecture pour sa démarche novatrice en rupture avec la tradition orientaliste et l’islamologie contemporaine (voir Jacques Berque <lien>) trop proche selon l’auteure de l’histoire sainte et de la reconstruction musulmane du passé.

• Une méthode rigoureuse qui soumet le Coran et les textes arabes médiévaux d’époque impériale (califats omeyyade et ‘abbâsside) à l’analyse historique et à une investigation linguistique fine, servie par une profonde connaissance de l’arabe médiéval.

• En contrepoint aux biographies fondées sur l’histoire sainte musulmane, on trouvera de nombreux éléments de la vie du Prophète à La Mecque (chap. 8) et à Médine (9). (sur ce problème d’une « biographie impossible » de Mahomet, voir Watt)

• Des apports utiles à l’enseignant (voir Islams, islam de Nicolle Samadi) pour guider le choix d’extraits du Coran (« Paroles coraniques », dernier point du livre avant la conclusion) et approfondir la lecture du rite du Grand pèlerinage (Hadjdj) en dégageant les liens avec le rite pré-islamique (chap. 12).

• Une critique des traductions du Coran, en français et en allemand (Rudi Paret, 1963). Voir chap. 8 et « Paroles coraniques » (exemple du court verset 214, sourate XXVI, Les poètes).

• L’illustration d’un débat dans l’islamologie française sur la transcription du nom arabe du Prophète entre les tenants de la tradition universitaire française (Mahomet, choix de J. Chabbi) et les chercheurs de plus en plus nombreux à privilégier Muhammad (voir transcription).

Utilisation possible dans les programmes scolaires