Sommaire

Résumé

Menée sur l’espace allant, de part et d’autre du Rhône, de Montélimar à la Méditerranée, cette enquête répond à l’exigence d’une rupture avec un double cloisonnement. D’une part, il s’agit de ne plus étudier les ordres militaires seulement en temps que riches propriétaires fonciers cantonnés à la gestion de leurs seigneuries rurales et incapables de nouer des liens avec leur entourage laïque. D’autre part, leur histoire doit enfin être ancrée dans celle du monachisme, afin de s’interroger sur la nature du courant religieux qu’ils incarnèrent aux XII^e-XIII^e siècles. L’auteur a pour objectif de saisir le degré d’intégration des moines-soldats au sein de sociétés méridionales marquées par la diversité ; ceci implique aussi de savoir renverser l’analyse afin de suivre l’évolution de ces dernières au miroir des rapports qu’elles entretinrent avec un ordre monastique dont le statut spécifique était étroitement lié à la croisade. L’idéal de la guerre sainte fait ainsi l’objet du premier chapitre de l’enquête, qui scrute sa réception en Provence et les liens entretenus par cette région avec l’Orient au XII^e siècle. Les fondements sont posés pour l’étude de la construction du réseau templier entre les années 1120 et 1220, marquées par l’accueil favorable fait aux moines-soldats par l’aristocratie locale (chap. 2) dans le contexte de la Réforme grégorienne (chap. 3). L’auteur s’intéresse aux étapes de la création des commanderies, mais aussi à la façon dont la séduction exercée par l’image guerrière des nouveaux-venus sur l’aristocratie, les traditions de sociabilité et d’amitié nouées autour de la possession du sol, les intérêts socio-économiques et les besoins religieux ont pu favoriser l’accueil favorable fait à l’ordre du Temple.  

La seconde partie de l’enquête est consacrée aux relations intenses tissées entre les communautés templières et les sociétés locales, tant dans le domaine économique (chap. 4) qu’au niveau de l’encadrement spirituel (chap. 5) et de l’insertion dans les structures sociales et juridiques du Midi (chap. 6). Sans doute cette réelle osmose a-t-elle permis à l’Ordre de résister aux épreuves qui l’ont secoué à partir des années 1220 et qui sont abordées dans un troisième volet. Fidèles au Saint-Siège, les Templiers ne sortirent pas indemnes des troubles politico-religieux qui agitèrent le Midi au XIII^e siècle et ils durent composer avec l’affirmation du pouvoir royal capétien (chap. 7). Leur image se dégrada, tandis que la croisade d’Orient suscitait de plus en plus de réticences au sein d’une opinion publique dont les troubadours se faisaient les porte-voix (chap. 8). C’est dans ce climat moins favorable désormais que l’Ordre traversa les dernières années de son existence, avant d’être victime de l’offensive du pouvoir royal à partir des arrestations du 13 octobre 1307 (chap. 9).

Points forts

• Une leçon de méthode, fondée sur les apports conjoints de la documentation écrite et des traces laissées dans les paysages ; par là-même, avec les synthèses d’Alain Demurger, la meilleure réponse aux fantaisies pseudo-scientifiques qu’inspirent encore les moines-soldats.

• L’accent mis, à rebours de l’historiographie traditionnelle, sur l’importance de l’installation des Templiers dans l’espace des villes (Des ordres ruraux ? Un malentendu historiographique, p. 256-264).

Utilisation possible dans les programmes scolaires

LV