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BOESPFLUG François, Caricaturer Dieu ? Pouvoirs et dangers de l’image, Paris, Bayard, 2006, 222 p.

Par
Notes bibliographiques, glossaire.

Sommaire

Résumé

Avec Caricaturer Dieu ? Pouvoirs et dangers de l’image, l’auteur nous invite à repenser, avec d’autres outils que ceux qu’utilisent aujourd’hui les médias de masse, la question de la légitimité de certaines représentations de Dieu et du sacré. C’est en 2005 que cette question a fait l’objet d’une actualité brûlante provoquée par la parution, dans un quotidien danois, de caricatures du prophète Mahomet. Les conséquences de cette affaire sont bien connues et ont été particulièrement symptomatiques d’une incompréhension grandissante entre deux univers, l’un marqué par les valeurs laïques-séculières, et l’autre pour lequel la religion n’est pas simplement une affaire privée mais fixe les limites de l’action des hommes dans la sphère publique. Tandis que certains défendaient, via l’affaire des caricatures, la liberté d’expression et le droit démocratique à une certaine désacralisation du sacré, des croyants ne pouvaient y voir qu’une provocation et une insulte aux valeurs placées au principe de leur identité.

En traitant successivement, et de façon synthétique, de l’histoire des représentations de Dieu et du divin dans l’islam, le judaïsme puis dans le christianisme, l’auteur donne un éclairage essentiel sur les raisons profondes d’un conflit souvent mal compris en raison de sa surexposition médiatique et de la faveur donnée aux débats d’opinion. Avec toute la distance qui s’impose, l’auteur fait le point sur la spécificité du statut et des usages des images dans chaque tradition. Il aborde délibérément l’islam en dans un premier temps, puisque celui-ci est au centre des débats contemporains, et que ses fondements théologiques dictant l’utilisation de l’image et le rapport des musulmans à celle-ci restent méconnus, parfois même mal interprétés. L’auteur explicite avec une grande clarté, à l’appui d’exemples concrets tirés des textes et des œuvres religieuses de différentes époques, la tradition aniconique et iconophobe du dernier des monothéismes, tout en  insistant sur les variations interprétatives entre les différentes familles de l’islam et les périodes de l’histoire (par exemple, les chiites sont davantage iconophiles que les sunnites). Parallèlement, sont mis en exergue les emprunts de l’art musulman aux autres monothéismes. Une telle analyse permet de mieux comprendre la relation toute particulière de l’islam à l’image, la condamnation de la représentation directe de Dieu ayant fait office de loi dès la constitution de cette tradition. Cependant, l’auteur souligne qu’une évolution se fait sentir, depuis quelques années (cf. certains journaux en Algérie), qui s’autorise à mettre à distance critique la religion et le religieux.

Le deuxième chapitre est consacré au judaïsme, qui entretient également une tradition aniconique : à la différence de l’islam toutefois, le judaïsme a une « pratique fluctuante de l’image » (p.93). Ainsi, on trouve dans l’art juif des figurations, non pas de Dieu lui-même, mais de l’action de Dieu. Reste que dans cette tradition religieuse, le fait de nommer Dieu est un acte central, considéré comme supérieur à toute représentation picturale.

Dans ses usages de l’image, le christianisme (chapitre 3) se distingue radicalement du judaïsme et de l’islam puisque dès la constitution du christianisme en religion d’État, le « Dieu des images » devint un élément fondamental de la transmission de l’enseignement de l’Église. Le chapitre s’achève en faisant le point sur le rapport contemporain à l’image dans les sociétés de culture chrétienne, qui révèle une indifférence croissante à l’égard du traitement des représentations de Dieu et du sacré. Avoir resitué chacune de ces religions dans leur propre tradition iconographique permet à l’auteur de réaffirmer, dans son dernier chapitre, la complexité des usages religieux de l’image et des difficultés que cela implique en termes de rencontre et de respect de l’altérité culturelle. C’est pourquoi il plaide en faveur d’une meilleure connaissance des traditions entre elles, non pas dans une perspective strictement religieuse, mais dans celle d’une « histoire iconique de Dieu pluraliste et comparatiste » qui serait tout à fait compatible avec un enseignement laïque du fait religieux.

Points forts

  • Cet ouvrage rend accessible l’histoire complexe des usages et du sens de l’iconographie dans le christianisme, le judaïsme et l’islam.

  • Le déploiement d’une telle perspective, historique et comparatiste, apparaît indispensable à la compréhension des problématiques contemporaines, notamment la rencontre de l’islam et de l’occident judéo-chrétien

Utilisation possible dans les programmes scolaires

Classe

Discipline

Thèmes du programme

Première

histoire

étude des modifications des pratiques religieuses depuis 1945 [programme 2002]

Terminale

histoire

évolution des pratiques et des croyances en France depuis 1945

NG

NOTES DE BAS DE PAGE
NUAGE DE MOTS-CLEFS
Lexique : Iconoclasme, Iconophobie, Icône, Aniconisme, Blasphème
Domaines religieux : Généralités
Guide des ressources : Information : Ouvrages

Référence du document

Recension : « Bœspflug François, BOESPFLUG François, Caricaturer Dieu ? Pouvoirs et dangers de l’image, Paris, Bayard, 2006, 222 p. » 2008, , IESR - Institut d'étude des religions et de la laïcité , mis à jour le: 12/16/2016, URL : https://irel.ephe.psl.eu/ressources-pedagogiques/comptes-rendus-ouvrages/boespflug-francois-caricaturer-dieu-pouvoirs-dangers

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