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AUBÉ Pierre, Saint Bernard de Clairvaux, Paris, Fayard, 2003, 735 p.

Par
Sources et bibliographie (p. 643-680) ; chronologie (p. 681-696) ; généalogies ; index (des noms propres et des noms de lieux) ; onze cartes et documents in texto.

Sommaire

Résumé

« Tenter de faire revivre un géant » est une tâche « à tout le moins suicidaire », prévient l’auteur dans l’avant-propos (p. 11-12) d’une véritable somme. Il a choisi de l’ordonner selon une progression chronologique. Celle-ci permet d’embrasser l’activité multiforme d’un homme ayant marqué de son empreinte aussi bien l’histoire politique et ecclésiastique du XIIe siècle que celle de la spiritualité occidentale : Saint Bernard (1091-1153), premier abbé du monastère de Clairvaux et principal promoteur de l’ordre cistercien. L’ouvrage s’ouvre toutefois sur une sorte de préambule (Clairvaux, été 1153) consacré à la mort de Bernard, dans le cadre familier du Val d’Absinthe choisi un soir de juin 1115 pour y trouver une « oasis de silence » ; mort d’un moine, donc, qui pourtant n’a cessé au long de sa vie de mettre la main « à d’innombrables et grandes querelles, si ambiguës eussent-elles été, si injustes et surannées parfois, avec une ferveur violente et obstinée » (p. 16). Soixante-quatre chapitres permettent ensuite au lecteur de mettre ses pas dans ceux de Bernard et dans les mots de celui-ci, puisque le récit est jalonné d’analyses de ses traités et écrits, qui sont ainsi pleinement remis en contexte.

Les onze premiers chapitres abordent les années de formation et de croissance, tant de l’ordre cistercien que du jeune noble devenu « moine fanatique » (p. 89), c’est-à-dire excessivement soucieux du respect de la règle de saint Benoît, et meneur d’hommes intransigeant souvent maladroit. Il a alors une trentaine d’années et s’engage dans une succession de combats dont on ne peut comprendre la cohérence sans prendre en compte la certitude, dans l’esprit de Bernard, que la défense du corps de l’Église — donc le soin ou la suppression de tout membre malade — est indissolublement liée à l’expérience mystique, sommet de la vie dans la solitude du cloître. L’auteur aborde ces multiples épisodes, qui gravitent autour de quelques pôles principaux : l’essor de l’ordre cistercien et la rivalité avec Cluny ; les luttes de Bernard contre l’hérésie ou pour faire triompher ses vues sur l’institution ecclésiale ; la fondation de l’ordre des Templiers, dans laquelle il a joué un rôle essentiel (chap. 19-21), puisque, issu d’un milieu de guerriers, il participe à l’éclosion d’un « christianisme de guerre » (p. 197) ; le choc de sa forte personnalité avec celle du grand intellectuel Pierre Abélard, dont la pensée novatrice représente à ses yeux un danger et qu’il fait condamner en 1140 au concile de Sens, non sans montrer une certaine malhonnêteté intellectuelle (chap. 40-42). Le désastre de la seconde croisade fait cependant sauter une digue de la défense de Bernard de Clairvaux, et le vieil abbé n’est pas insensible aux critiques qui se répandent dans les années 1148-1150 contre ses engagements controversés, en particulier son encouragement à l’expédition d’Orient (chap. 50-61). Il demeure toutefois une figure majeure de son temps, « inévitable, celle de qui on doit s’attendre à recevoir une semonce ou un soutien » (p. 600). La Considération, rédigée dans ses dernières années de vie, sonne comme un testament, mais à l’image de son auteur : une réflexion ambitieuse adressée au pape cistercien Eugène III, comme une leçon donnée par une mère pleine d’amour à son fils.

Points forts

  • Le style, d’un ouvrage couronné par le prix de la biographie de l’Académie française en 2004.

  • La rigueur, puisque si l’auteur a renoncé aux notes de bas de page, il compense par une abondante bibliographie scientifique et une grande familiarité avec des sources de toutes sortes — hagiographiques, épistolaires, littéraires, législatives ou narratives.

  • Le beau portrait, réalisé avec empathie mais lucidité, d’un homme « angoissé, nerveux et hypersensible » (p. 89), qui traversa la vie dans la permanente souffrance de son corps et, vis-à-vis des autres, un mélange d’amour exalté et d’intransigeance — voire de méchanceté.

L.V.

NOTES DE BAS DE PAGE
NUAGE DE MOTS-CLEFS
Lexique : Cistercien (ordre), Monastère, Moines
Domaines religieux : Christianisme : Politique et société : Relations avec l’islam, Christianisme : Rites et pratiques : Monachisme, Christianisme : Période : Moyen Age, Christianisme
Guide des ressources : Information : Ouvrages

Référence du document

Recension : « Viallet Ludovic, Aubé Pierre, AUBÉ Pierre, Saint Bernard de Clairvaux, Paris, Fayard, 2003, 735 p. » 2009, , IESR - Institut d'étude des religions et de la laïcité , mis à jour le: 12/16/2016, URL : https://irel.ephe.psl.eu/ressources-pedagogiques/comptes-rendus-ouvrages/aube-pierre-saint-bernard-clairvaux-paris-fayard

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